23 juillet 2008

Amazonie bolivienne et missions jésuites

Nous avons quitté La Paz vendredi matin le 11 juillet, et nous nous sommes dirigés vers Coroico. L’autoroute pour s’y rendre est superbe, les paysages sont grandioses, mais on descend de plus de mille mètres très rapidement, alors les freins en prennent un coup! Avant, tout le monde devait passer par la route de la Mort, une seule voie à flanc de montagne, des précipices incroyables, et de nombreux accidents mortels chaque mois! Maintenant, depuis qu’ils ont construit une nouvelle autoroute (cela leur a pris 10 ans une fois les travaux commencés) la Route de la Mort est une route strictement réservée pour les cyclistes, qui la descendent pour 200$ (certainement, une bonne dose d’adrénaline!). Les glaciers qui longent la route sont impressionnants, et il y a très peu de végétation, puisque nous sommes à plus de 4,000 mètres au col le plus haut. Nous sommes montés par une route pierreuse jusqu’à Corioco, une petite ville ordinaire qui célébrait un festival et où nous avons rencontré deux dames Belges. Après avoir visité la ville de Corioco (une heure de route pierreuse très abrupte pour s’y rendre), nous nous sommes arrêtés à l’hôtel Kory, où nous nous sommes baignés dans une magnifique piscine entourée de fleurs et de bananiers. Nous avons aussi lavé les couvertures d’hiver (il faisait très froid à la Paz, environ 10 degrés Celsius sous zéro la nuit) et nous avons sorti nos draps de coton, car il fait environ 30 degrés ici en Amazonie. Le lendemain matin, samedi le 12 juillet, nous avons pris la route menant à Carnavari (route de terre très poussiéreuse), où nous avons admiré des chutes superbes. Il faut conduire à gauche ici, car j’imagine que le conducteur peut ainsi mieux évaluer la proximité des précipices! Route très étroite par endroits, conduite sportive, stress garanti! Les camionneurs roulent très vite, et l’on traverse des nuages de poussière continuellement. Nous avons roulé toute la journée sur cette route de terre, et nous nous sommes arrêtés pour la nuit sur les rives de la rivière Beni. Nous avons traversé à gué la rivière à un endroit où il y avait moins d’eau mais beaucoup de pierres… Le lendemain matin, impossible de passer, puisque que les camions de voirie et les grues avaient complètement bloqué la route avec des pierres pendant la soirée… Nous étions donc résignés à pelleter pour dégager une voie d’entrée lorsque les camions sont revenus et qu’ils ont dégagé un passage pour que l’on puisse retourner à la voie principale. J’étais reconnaissante qu’ils travaillent le dimanche! Nous avons continué à rouler sur cette route très poussiéreuse et après avoir traversé une rivière sur une barge poussée par un canot, nous nous sommes arrêtés pour la nuit. Lundi le 14 juillet, nous avons ainsi traversé deux autres rivières (nous avons failli ne pas pouvoir monter la côte très escarpée et boueuse juste après avoir franchi la deuxième rivière) et nous sommes finalement arrivés à Trinidad. C’est difficile à comprendre pour les tarifs, pour les locaux c’est gratuit, mais pour nous, cela dépend, de 10 à 50 bolivianos selon l’humeur du passeur… Il nous a fallu trois jours pour franchir 600 kilomètres de route de terre par saison sèche, j’ose à peine imaginer ce que cela peut être à la saison des pluies! Nous avons aperçu une quantité incroyable d’oiseaux de toutes les couleurs, des hérons, des toucans, et trois énormes grues blanches avec la tête noire et un large bande rouge autour du cou. Nous avions aussi vu deux condors un peu avant Corioco… Dès que nous sommes arrivés à Trinidad, nous avons fait laver l’auto et nous avons acheté des pinceaux afin de pouvoir laver le moteur. Comme nous n’avons pas l’air climatisé, Pierre aime rouler avec les fenêtres ouvertes, sauf qu’avec la poussière, l’intérieur de l’auto est affreusement sale… Je pense qu’il aurait fallu boucher toutes les entrées d’air et toutes les ouvertures, mais Pierre aurait suffoqué! Nous avons passé la journée à faire les courses pour le véhicule: nettoyage du moteur, rotation des pneus, changement d’huile, plein d’essence (les camions arrivent vers 10 heures du matin, et les queues sont interminables, sans doute à cause des pénuries), et nous avons ensuite lavé tout l’intérieur de l’auto, en enlevant même les sièges! J’ai ciré le véhicule et lavé le panneau solaire pendant que Pierre lavait à la brosse la Fantastic Fan et nettoyait le filtre à air! Bref, une journée bien remplie… De Trinidad à Santa Cruz (la route des Missions Jésuites), nous aurons quelques jours d’accalmie, puisque la route est asphaltée. Je n’en reviens pas comment la température ici est différente selon les régions. À La Paz, l’auto avait de la difficulté à partir le matin à cause du froid et de l’altitude (la nuit, la température descend sous le point de congélation), tandis qu’ici, il fait incroyablement chaud et humide! La Bolivie est certainement très différente des autres pays que nous avons visité jusqu’ici. Les gens sont sympathiques, les régions sont plus sauvages, peut-êtres un peu plus pauvres… Nous sommes partis de Trinidad mardi le 15 juillet, et nous avons enfin roulé sur une route asphaltée (beaucoup de trous, mais c’est mille fois mieux que les pistes de terre que nous avons dû franchir jusqu’ici!) Nous nous sommes rendus jusqu’à San Ramon, puis nous avons bifurqué pour nous rendre jusqu’à San Javier, la mission jésuite la plus ancienne de Bolivie. Comme les factions espagnoles n’avaient pu réussir à mâter les tribus indigènes en 100 ans, ils chargèrent les Jésuites d’y parvenir, ce qu’ils firent en leur offrant des instruments et des leçons de musique en échange de leur travail. Ingénieux non! Ces jésuites ont réussi à transformer des tribus guerrières en communautés d’agriculteurs paisibles en introduisant du bétail et en leur apprenant les techniques agricoles. Nous avons été agréablement surpris par les énormes marionnettes de bois et par le travail d’ébénisterie accompli par les indigènes… Puis mercredi matin, nous nous sommes dirigés vers Conception, où se trouve un merveille baroque de cathédrale, toujours érigés grâce aux missions jésuites. Mercredi le 16 juillet, nous nous sommes dirigés vers Conception, une mission jésuite restaurée avec une cathédrale exceptionnellement restaurée. Nous avons rencontré deux jeunes Suisses à cet endroit, au volant d’une Mitsubishi 4X4. Ils se dirigeaient vers le Brésil… Nous avons vraiment aimé cette mission jésuite, et l’architecture de l’église nous a vraiment surpris. Nous sommes retournés sur nos pas vers Santa Cruz, et nous avons campé juste avant l’entrée de la ville, à côté d’un jardin fleuri. Le lendemain matin, jeudi le 17 juillet, nous avons visité Santa Cruz, nous avons récupéré nos courriels, et nous sommes partis vers Cochabamba. Nous nous sommes arrêtés à Buena Vista pour dormir, une belle petite ville tranquille et propre. Vendredi le 18 juillet, nous sommes repartis, et nous avons pris un jeune auto-stoppeur bolivien qui s’est arrêté à Turani, où nous avons dîné. Dans l’après-midi, nous avons aperçu un lac entouré de pins, avec un immense barrage, et nous avons décidé de nous installer pour la soirée. Un endroit magnifique, tranquille, que nous avons vraiment apprécié… Nous sommes arrivés à Cochabamba samedi le 19 juillet, et nous avons monté dans le téléférique pour voir la statue du Christ la plus énorme du monde, plus de 2,000 tonnes… Nous avons ainsi pu admirer la ville de haut. J’en ai profité pour acheter une paire de lunettes fumées et nous avons aussi marché au carré central et visité la cathédrale. Nous nous sommes rendus au Nord de la ville afin de visiter le Palacio de Portales construit par l’homme qui a fait sa fortune grâce aux mines d’étains (l’homme le plus riche du monde à son époque, semble-t-il) mais ils fermaient à midi. Nous avons donc décidé de retourner vers Santa Cruz en prenant la vieille route afin de profiter de paysages différents, mais en route, un bearing de roue a lâché et comme nous étions à des lieux d’un garage (il n’y a que quelques maisons dans chaque village, et comme nous sommes très haut et qu’il fait très froid ici, il y a très peu d’habitants) et qu’il commençait à faire nuit, nous nous sommes simplement arrêtés en nous disant que nous essaierons de régler le problème mécanique le lendemain matin, alors qu’il y aurait moins de vent (glacial, je vous jure!). Peu de temps après, Éric et sa famille (les Sergent de France avec un camping-car Laika) se sont arrêtés à côté de nous, et nous avons pris un verre de vin ensemble en nous racontant nos dernières aventures. Dimanche matin le 20 juillet, nous nous sommes mis à l’oeuvre pour changer le bearing de roue, qui était soudé en place sans doute à cause de la chaleur qu’il y avait à Trinidad… Finalement, Pierre et Éric ont scié le morceau, et au bout de deux heures, il a fini par lâcher.  Nous n’avions pas pensé à emporter avec nous des graisses de qualité pour ce genre de travail, et nous avons donc utilisé ce qui était disponible, mais il nous faudra réviser quand on sera à La Paz… Merci à Éric, qui nous a donné un sacré coup de main! Et une chance que nous avions pensé à nous approvisionner de pièces supplémentaires chez Vaps au Québec avant de partir! Comme la route vers Santa Cruz était environ 400 kilomètres exécrables, nous avons décidé de rebrousser chemin et de revenir à Cochabamba en suivant Éric. Nous nous sommes arrêtés pour la nuit à l’ancien stationnement de Toyota, tenu par une dame très gentille (17 bolivars par nuit), et après avoir marché un peu dans la ville, nous avons passé une soirée tranquille. Le lendemain matin (lundi le 21 juillet), nous avions décidé de repartir vers Potosi, alors qu’Éric se dirigeait vers La Paz. Mais le long de la route, comme nous n’en finissions plus de monter (les montagnes ici sont spectaculaires), nous avons finalement opté pour La Paz, puisque nous devons nous réapprovisionner et que nous attendons un colis à cet endroit… Nous avons campé non loin de la station-service de Calamarca, à environ 70 kilomètres de La Paz.   Le thermomètre est descendu jusqu’à moins quinze Celsius durant la nuit! Mardi le 22, nous avons eu un peu de mal à faire repartir le véhicule… L’altitude et le froid n’aident certainement pas... Lorsque nous sommes arrivés à La Paz, nous avons été vérifier à la poste et notre colis n'était pas encore arrivé. Espérons qu'il ne sera pas retenu trop longtemps aux douanes! Ce matin, mercredi le 23 juillet, Pierre est parti chez un mécanicien Volkswagen, et j'en suis à mettre mon site à jour dans un café de La Paz... La pleine lune du 1er août en Lion devrait être superbe! Au plaisir!