27 mai 2009

Un enchantement, Iguazu

Vendredi le 22 mai est une journée que nous n’oublierons certainement jamais ! Nous étions débout à l’aube pour arriver au Parc Iguazu au moment où ils ouvrent les portes. Nous avons été les premiers à franchir la barrière ce jour-là (si on exclut les nombreuses personnes qui travaillent ici, bien sûr !). Nous avons commencé par le Sendero Verde, un petit sentier à travers la jungle et les marécages, pour atteindre le Circuit Supérieur (650 mètres), d’où nous avons eu des vues magnifiques sur les chutes Bossetti, Dos Hermanas et Mbigua. Nous pouvions apercevoir les chutes plongeant vers le bas, c’était absolument magnifique. Puis nous avons continué avec le Circuit Inférieur, d’où on admire les chutes d’en bas, ce qui est encore plus impressionnant. Ce sentier est de 1400 mètres de longueur, et il offre des vues panoramiques des chutes, ainsi que la possibilité de voir plusieurs des chutes latérales. Plusieurs miradors étaient absolument incroyables, c’était assez spectaculaire d’observer les chutes avec des gens sur les miradors du haut alors que nous étions en bas. Le vacarme est aussi incroyable, et bien sûr, on ne peut échapper aux gouttelettes d’eau dégagées par ces tonnes d’eaux rugissantes ! J’avais beaucoup aimé les chutes Niagara, j’avais même effectué la promenade en bateau qui permet de se rapprocher le plus près possible (il nous fallait mettre des bottes, un imperméable et un chapeau de plastique jaune pour ne pas être trop trempé). Mais vraiment, je comprends qu’Éléanor Roosevelt ait dit « Pauvre Niagara » lorsqu’elle a pu admirer les chutes d’Iguazu. Il y a plus de 275 chutes, et certaines font 80 mètres de hauteur… Nous avons ensuite emprunté un bateau pour nous rendre à Isla San Martin, d’où on peut avoir une vue d’ensemble des chutes (on m’a dit que cela ressemblait un peu à la vue qu’on peut avoir du Brésil). Nous nous sommes d’abord rendus au Mirador San Martin, où nous avons pu voir des centaines d’hirondelles de mer nichées dans les parois des chutes. Puis nous avons continué vers la Ventana (on peut apercevoir d’autres chutes à travers une arche rocheuse encadrant les chutes Escondido et Rivadavia. En longeant l’île pour retourner au débarcadère, on peut voir les miradors brésiliens, et aussi Garganta del Diablo (la Gorge du Diable), sans doute le point le plus impressionnant du parc… Nous avons aperçu des coatis, des lézards, plusieurs espèces de papillons et beaucoup d’oiseaux. Avant d’emprunter à nouveau le bateau pour retourner au Circuit Inférieur, nous avons rencontré Paulo et Ignacio, un sommelier et un concierge d’hôtellerie membres des Clefs d’Argent d’Argentine, que nous avions déjà rencontré aux chutes Mocona ! Le monde est petit ! Ils travaillent à La Angostura à l’hôtel Las Balsas, et ils sont extrêmement prévenants et agréables. Puis nous avons emprunté le Train de la Jungle pour nous rendre à Garganta del Diablo, un train écologique longeant la rivière Iguazu. Arrivés à la station Gorge du Diable, nous avons poursuivi vers les passerelles au-dessus de la rivière Iguazu (1,100 mètres de long), et nous avons aperçu des oiseaux merveilleux aux couleurs très vives. En particulier, l’Urraca Commun, m’a vraiment impressionnée. C’est un oiseau quatre fois plus gros qu’une hirondelle mais plus petit qu’un toucan. Son ventre est jaune clair, son dos est bleu marine, et il possède une couronne indigo et des plumes ébouriffées sur le dessus de la tête. Quand nous avons dîné, j’ai laissé des miettes de pain dur la clôture et il est venu les prendre. Nous en avons vu six en tout ! La Gorge du Diable est vraiment la culmination de la visite des chutes Iguazu. C’est une expérience magique, indescriptible et incroyablement puissante. Le rugissement des chutes permet difficilement de parler, et la bruine causée par les gouttelettes d’eau est très rafraîchissante ! Il faut le vivre pour comprendre l’effet qui résulte de cette exposition à tant de beauté. La nature est tout à fait incroyable ! Après le repas de midi, nous nous sommes dirigés vers le sentier Macuco, une promenade de 7 kilomètres dans la jungle. Au début de l’avant-midi, nous étions seuls sur le Circuit Supérieur, les autobus n’arrivant pas avant 9 heures trente du matin, mais il y avait foule lorsque nous étions sur les passerelles de Garganta del Diablo. Sur le sentier Macuco, comme à peu près personne n’emprunte ce sentier, nous étions à nouveau seuls. Nous avons vu d’autres coatis, des carpinchos, des fourmis géantes, des faisans gris et plusieurs papillons. Arrivés au bout du sentier, il est possible de se rendre au mirador pour admirer d’en haut la chute Arrechea, puis de redescendre au Pozo Natural créé par la chute pour s’y baigner. Une autre expérience délicieuse, surtout après une journée de marche intensive ! Au retour, nous nous sommes arrêtés au Centre d’Interprétation « Yvira Reta » qui donne de bonnes explications sur la biodiversité de la forêt humide et qui traite de la culture Guarani. Nous y avons aussi visionné un film sur le Parc Iguazu. Puis nous nous sommes arrêtés à l’hôtel Sheraton parce que nous voulions échanger des livres avec la Californienne Amy, que nous avions rencontrée sur une des passerelles… Malheureusement, elle n’était pas à sa chambre, alors nous avons décidé de quitter. Je dois dire que cet hôtel luxueux est assez impressionnant, puisque la salle de réception est toute vitrée et qu’elle donne directement sur les chutes. J’aurais aimé connecter mon portable et profiter du Wi-Fi, mais comme nous étions tous les deux exténués de notre journée puisque nous n’avions pas dormi la veille, que nous n’avions aucune idée où nous allions camper, et que le parc fermait (17 heures)… Il est impossible de camper dans le parc ou près du parc, il faut au minimum se rendre à Puerto Iguazu, à 13 kilomères de là. Et dans ce village, comme il y a une multitude d’hôtels, le camping libre n’est pas toléré. Plusieurs voyageurs en camping-car campent chez American Viejos, mais puisqu’il semble que cet établissement est bruyant, malpropre et cher, nous avons choisi de prendre la route pour Wanda, la # 12 afin de trouver un endroit où passer la nuit. Après une trentaine de kilomètres environ, juste avant Libertad, nous avons aperçu des affiches pour le camping Uruguy-i. Il s’agit vraiment d’une trouvaille. L’endroit est super calme (il n’y avait que les deux gardiens), les douches sont chaudes, et le paysage est superbe ! Et le coût n’est que de 5 pesos par nuit pour nous deux avec le véhicule! Il est possible de s’alimenter en électricité (220 volts, alors seulement l’ordinateur pour nous, puisque le frigo et les luminaires fonctionnent au 110 volts). Si nous avions su que l’Amérique du Sud fonctionnait au 220 volts pour l’électricité, nous ne serions équipés d’un convertisseur de courant spécial avant de partir, mais nous avons survécu jusqu’ici, alors ce n’est pas si terrible ! Nous avons payé pour trois nuits, puisque nous devrons absolument nous réapprovisionner lundi matin, mais je pense que Pierre serait bien resté ici une semaine si nous avions eu assez de nourriture ! Au plaisir !

Les Chutes Mocona en Argentine

Lundi, nous nous sommes rendus à San Vincente et nous nous sommes arrêtés à la station-service Esso, juste au début de la route 13 qui se rend à Sobernio et aux chutes Mocona, dans la région de Missiones. Ces chutes se trouvent au confluent de 4 réserves naturelles : Parque Estadual de Turbo (Brésil), Parque Provincial Mocona, Réserve Naturelle Esmeralda et Réserve de la Biosphère Yaboti. Elles s’étendent sur 3 kilomètres et atteignent jusqu’à vingt mètres de haut. Nous avons été chanceux, car même s’il pleut presque toujours ici à ce qu’on dit, un soleil radieux nous a accompagné pendant les 3 jours qu’a duré notre séjour. Une des biologistes qui travaille à un projet gouvernemental avec 4 autres collègues nous a expliqué que même avec un 4x4, lorsqu’il pleuvait, ils devaient attendre le beau temps pour quitter la réserve à cause des routes de terre de forte pente qui sont impossibles à franchir lorsqu’il pleut ! Le gouvernement est en train de construire une route pour permette plus facilement l’accès, mais comme il reste encore une vingtaine de kilomètres à finaliser, je ne crois pas qu’elle sera terminée avant l’an prochain. Lorsque nous sommes arrivés au nouveau Centre des Visiteurs (bâti depuis un an seulement), le guarde-parque nous a expliqué que comme la machinerie lourde bloquait l’accès de la route se rendant aux chutes, il nous faudrait effectuer le trajet à pied (seulement deux kilomètres). Mais ensuite, il fallait franchir une rivière d’un kilomètre de large à gué, et il m’a conseillé de mettre des chaussures plus appropriées (je portais des sandales) et de placer la caméra dans un sac imperméable. Nous sommes retournés au véhicule pour nous changer, et nous avons rencontré un groupe de 3 jeunes hommes travaillant à La Angostura qui nous ont donné un sac étanche qu’on utilise pour le canotage, et ils nous ont expliqué qu’ils étaient tombés dans l’eau au moins 10 fois, puisque le câble qu’il fallait suivre était brisé à deux endroits. Ils nous ont aussi recommandé de faire attention, puisque les pierres longeant le fond étaient glissantes et qu’il était facile de coincer son pied entre ces pierres coupantes. Mais ils nous ont rassuré en nous disant que l’eau n’était pas tellement profonde, dépassant à peine la taille, mais que le courant était par contre très fort… Nous avons mis presque une heure pour nous rendre aux chutes, et nous ne sommes pas tombés une seule fois, mais je dois dire que nous avons beaucoup d’équilibre tous le deux… Le paysage était absolument incroyable. Il y avait des centaines de papillons de toutes les couleurs, pas sauvages du tout, et deux morphos bleus se sont posés sur moi pendant plusieurs minutes. Le soleil étincelait sur l’eau, et les chutes étaient tout simplement magnifiques. Nous avons campé en face du Centre des Visiteurs, et mercredi matin, nous avons fait le sentier Cachi à travers la jungle pour nous rendre au mirador. La végétation est différente ici, extrêmement dense, et les lianes semblent étouffer les arbres immenses. Il y a des salles de bains au Centre des Visiteurs, mais pas d’électricité encore alors les douches sont froides. Nous avons très bien dormi la première nuit, mais à notre grande surprise, plusieurs militaires ont fêté jusqu’à trois heures du matin hier, alors ce matin, nous avons décidé de retourner à San Vincente… Puis nous avons continué en choisissant la route à droite pour Iguazu, la 101, après avoir fait vérifier nos freins (40 pesos !) à Punto Azul. La route de terre après Andresito, qui passe à travers le Parque Provincial Iguazu, est terrible ! Et nous nous sommes rendus compte qu’il serait très difficile de trouver un campement pour la nuit, alors nous avons demandé la permission de nous poster à la station-service Aca. Il paraît qu’il s’agissait là d’une permission exceptionnelle qui nous était accordée… La nuit a été plutôt mouvementée, puisque le bruit nous a tenus éveillés, mais ce matin, nous étions debout à 6 heures et nous attendons aux bornes du parc (ouverture à 8 heures) depuis une demi-heure… L’essence ici, tout comme à Ushuaia, est le double pour les étrangers. L’entrée aux chutes est gratuite pour les gens de la province. Les gens du Paraguay, de l’Uruguay et du Brésil doivent payer 30 pesos, alors que pour nous, c’est soixante pesos ! La journée sera longue, puisque nous voulons tout voir en une journée (il faut maintenant payer une deuxième fois si l’on veut revenir une autre journée, alors que le billet était valable pour 5 jours l’an passé). Mais comme il s’agit des chutes les plus grandioses du monde, on ne pouvait passer à côté !