14 septembre 2011

Pierre au volcan Rinjani


Pierre est parti trois jours pour faire l'ascension du Mont Rinjani, et je ne l'ai pas accompagné, parce que depuis les deux derniers volcans, j'ai recommencé à faire de l'asthme, et que je ne voulais pas prendre de chances... Je n'avais pas fait de crises depuis quinze ans, mais avec la poussière et les relents de soufre, et peut-être aussi à cause du pneumothorax causé par l'accident d'auto en Nouvelle-Zélande (côtes fracturés ayant percé le poumon gauche, qui n'était pas plus gros qu'un pois sur les radiographies), les volcans Bromo et Ijen ont été difficiles pour moi. J'ai dû m'acheter une pompe de Ventolin (nous avons trouvé à Lovina).

Je crois que c'est bien pour un couple de vivre de courtes périodes d'absence (nous sommes ensemble 24 heures sur 24 la plupart du temps). Même pour un couple qui ne voyage pas, les journées de travail, les rencontres entre amis, le magasinage, et plusieurs autres occupations ne sont pas forcément passés ensemble. Mais en voyage, c'est très différent, nous faisons tout ensemble, nous mangeons toujours tous les deux au même endroit, nous parlons aux même personnes, les chambres d'hôtel ne comportent qu'une pièce, nous nous déplaçons au même moment, bref, on dirait parfois que nous sommes deux jumeaux siamaois. Et pourtant, nous sommes tellement différents. Pierre est un extraverti, il dit tout ce qui lui passe par la tête et il n'a pas besoin de période de solitude car les rencontres le ressourcent. Moi c'est tout le contraire, je suis une introvertie, et j'ai besoin de réfléchir seule avec moi-même de temps en temps. Bien sûr, certaines rencontres me ressourcent, mais ce n'est pas toujours le cas. Je ne crains absolument pas la solitude, mais je comprends que certaines personnes ont besoin de se relier constamment pour se sentir bien. Ici à Lombok, nous avons rencontré Alex, un Hollandais qui a vécu très longtemps en France et qui a épousé une Indonésienne. Il est aussi extraverti que Pierre, mais en plus, il a eu plus d'aventures amoureuses en 10 ans que la plupart des gens n'en auront jamais dans toute leur vie. C'est une super belle personne, un homme très charmant et cultivé, mais même à 70 ans, les femmes sont sa priorité! Chacun a sa façon de vivre, bien sûr, et toutes les façons sont bien, selon chaque personne naturellement...

Pierre vient tout juste de rentrer, et j'ai appris qu'il avait partagé sa tente avec une jeune Québécoise. Il semblerait que les porteurs ne peuvent transporter de tentes pour chaque personne... Il y a des gens qui ont rebroussé chemin car ils trouvaient que les montées étaient trop pénibles et d'autres qui n'ont pas effectué le trekking jusqu'au sommet, mais dans le groupe de Pierre, tout les 9 se sont rendus au bout. Il était très content de lui. Les conditions étaient assez sommaires, certains avaient des souris dans leur tente, et une des filles s'est fait chiper son petit déjeûner par les singes. Apparemment que la descente dans la poussière et la montée dans les roches était assez difficile. Mais tout le monde a survécu. Une Suisesse qui accompagnait un des grimpeurs a dû laisser tomber parce qu'elle aussi est asthmatique, alors j'étais presque contente d'être restée ici à Mataram. Pierre me dit que ce trekking est le plus difficile qu'il ait fait jusqu'à maintenant...

Je trouve que nous bénéficions de la chance extraordinaire de vivre chaque jour, de cumuler toutes sortes d'expériences spéciales, et rien ne peut remplacer cela. Bien sûr, je pense très très souvent à mon fils Érick, à ma famille et à mes amis, et j'aimerais parfois pouvoir être à deux endroits à la fois, mais je me console en me disant qu'ils doivent savoir qu'ils sont tellement importants pour moi! Je vous embrasse très fort, Louise!