09 février 2012

Phnom Penh





Phnom Penh! Toits étincelants du Palais Royal, moines en robe safran, dôme baroque du marché central, et situation privilégiée au bord du Mékong. Une ville fascinante, grouillante d'activités, où motos et vélos circulent à contre-sens sans se soucier des piétons, à grands renforts de coups de klaxons.

Cependant, les horreurs du passé récent que l'on peut imaginer au musée Tuol Sleng et au site Killing Fiels sont oppressantes. Nous sommes partis hier de bon matin pour visiter le site des charniers de Choeung Ek, appelé en anglais Killing Fields.

Du 17 avril 1975 jusqu’au 7 janvier 1979, un brutal régime communiste nommé Khmer Rouge et dirigé par Pol Pot contrôla tout le Cambodge. Pol Pot prônait l'élimination des intellectuels et la rééducation des populations adultes par le travail manuel. La nouvelle génération fût endoctrinée pour accomplir la purification de la société khmère. On dit que Pol Pot a contribué à la mort de 3 millions de personnes, soit le quart de la population à ce moment. Un guide audio en français explique chaque station, et le musée présente un film sur l'histoire de cet épisode douloureux du Cambodge. 17,000 hommes, femmes, enfants et bébés furent détenus et torturés au S-21 (maintenant le musée Tuol Sleng) pour finalement être transportés dans cet ancien cimetière chinois pour y être exécutés. La plupart furent matraqués à mort afin de ne pas gaspiller de précieuses balles... Un stupa (édifice de style bouddhiste) de 17 étages contient les crânes et les os de milliers de victimes. Le Killing Tree, où l'on fracassait la tête des bébés, est un autre arrêt difficile sur ce parcours.

Nous avons passé tout l'avant-midi sur le site Killing Fields, et en après-midi, nous avons visité le musée Tuol Sleng, l'ancienne prison S-21, au centre-ville de Phnom Penh. C’est pour ne pas oublier que les Cambodgiens ont transformé le plus grand centre de torture du régime de Pol Pot en Musée du crime génocidaire. Outre les cellules, potence et salles de tortures qui vous glacent le sang, on y voit des témoignages de rescapés en parallèle de ceux d’anciens khmers rouges. Cela permet un peu de comprendre comment la peur et la pauvreté ont pu embraser les campagnes, embrigader les jeunes et les amener à commettre les pires atrocités. Les Kmers rouges communistes soulevaient les paysans en leur expliquant que les intellectuels, les artistes, les commerçants et les enseignants étaient les responsables de l'inégalité économique. Las d'être bombardés par les Américains qui voulaient détruire la Ho-Chi-Minh Trail (passant au Vietnam mais aussi à la frontière du Laos et du Cambodge), désespérés par les conditions de vie difficiles, il était plus facile pour ces gens peu instruits de désigner des coupables et d'entrer à pieds joints dans la révolution afin d'améliorer leur sort. Le rôle joué par certains ados à l’époque est effrayant. Autre élément saisissant : la rencontre entre un survivant du S-21 et un ancien gardien, âgé de 17 ans a l’époque. Poignant...

Les leaders Khmers Rouges ayant survécu sont seulement jugés depuis peu. Duch (de son vrai nom Kang Kek Ieu, directeur de la prison de Tuol Sleng) est arrêté et détenu depuis 1999. Inculpé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité son procès s'est ouvert le 17 février 2009. Le verdict, rendu le 26 juillet 2010, le condamne à 35 ans de réclusion. Pol Pot quant à lui mourût en 1998 sans avoir été jugé.

Le film Bophana clôture le tout, il s'agit du témoignage, basé sur les lettres d'une jeune femme et de son mari qui n'ont pas survécu à cette tragique période. Cette journée était dure, mais Pierre n'aurait voulu manquer ces visites pour rien au monde. Il est difficile de comprendre comment de telles atrocités ont pu se produire il y a seulement une trentaine d'années, mais je pense que cet épisode de l'histoire démontre à quel point la peur peut rendre l'être humain totalement vulnérable. La population cambodgienne est admirable d'avoir réussi à pardonner, c'est la seule chose qui puisse apporter la libération. J'imagine que la religion bouddhiste y est pour quelque chose.

Nous sommes à l'hôtel "Europe Guest House", au 51 rue 136, une rue derrière le Mékong et à cinq minutes à pied du Palais Royal. Le propriétaire, Seng, est un Cambodgien ayant demeuré en France, et sa gentillesse et son accueil sont fort appréciés. L'hôtel offre un très bon rapport qualité-prix, les chambres sont vraiment propres, les lits super confortables, et nous bénéficions du Wi-Fi, d'une TV à écran plat avec une soixantaine de chaînes, d'une salle de bains privée avec eau chaude (très bonne pression pour la douche), bref, nous sommes très satisfaits.

Nous avons aussi visité les temples Wat Phom et Oudalong, l'Hôtel Royal Raffles, ainsi que le centre d'achats Sorya d'où on peut admirer la ville sur la terrasse.

Ce matin, nous avons vu le Palais Royal et la Pagode d'Argent. Nous avons surtout admiré la splendeur des bâtiments de l'extérieur, puisque le Palais Royal était fermé aux visiteurs pour la journée, même prix d'entrée par contre. La Pagode d'Argent contient un Bouddha d'Émeraude comme à Bangkok, et le Bouddha d'or véritable pèse 90 kilos et il est orné de 9584 diamants totalisant 2,086 carats. Le plus gros diamant, posé sur le chakra de la couronne, est de 25 carats à lui seul! Nous partons demain pour Sihanoukville, et nous irons magasiner cet après-midi. Au plaisir!