23 août 2008

Coincés à Sucre en Bolivie!

Lundi le 11 août, après avoir mis deux heures pour trouver un bidon d’essence en prévision du Salar d’Uyuni, nous sommes partis de La Paz vers Oruro. Lorsque nous sommes arrivés dans la ville, nous nous sommes rendus à la Casa de la Cultura Simon Patino. Ce dernier fut à son époque l’homme le plus riche du monde. Ce Bolivien né à Cochabamba et issu d’une famille pauvre aimait particulièrement les objets d’arts, les meubles et les instruments de musique européens. Il était propriétaire de plusieurs mines, et il a fait sa fortune grâce à l’étain. La maison où il a vécu avant d’émigrer en Europe (les mineurs se sont révoltés) est encore aujourd’hui très bien conservée. Nous avons admiré orgues, Stradivarius (violon), gramophones, meubles de l’époque Louis XV, tableaux et bien sûr, les immenses poêles de fonte et de céramique allemands! Nous avons aussi visité le Sanctuario de Socovan (il y a une mine dans l’église!), le phare (même s’il n’y a aucun océan en vue), et la place centrale. Nous avons choisi un stationnement gardé pour dormir, et nous avons quitté la ville mardi matin. Le 12 août, nous nous sommes rendus au balneario d’eaux thermales de Tarapaya, et nous avons tellement aimé l’endroit que nous avons décidé d’y rester pour la nuit… Mercredi le 13 août, nous sommes entrés à Pototsi, la ville détenant la plus haute altitude au monde, 4,100 mètres! Avec le vent, c’était vraiment froid. Nous avons d’abord visité la Casa de la Moneda (Maison de la Monnaie), le plus beau musée de toute la Bolivie. La visite guidée, en français s’il vous plaît, dure deux heures, et j’imagine qu’on pourrait passer encore plus de temps tellement il y a de choses à voir à cet endroit. On voit bien sûr les instruments pour frapper les pièces de monnaie, les machines où étaient insérés les lingots dé’argent actionnés par des mulets (qui ne survivaient pas plus de six). On voit aussi les fonderies opérées par les criminels (tempéraure ambiante de 450 degrés Fareinheit et vapeurs de mercure et d’arsenic emplissant l’atmosphère, alors les gens ne survivaient pas très lon gtemps) Certaines salles contenaient des objets d’argent ciselés (ostensoirs, calices, lampes, ustensiles de cuisine, candélabres et animaus sculptés); il y avait aussi des salles de minéralogie, d’archéologie (momies, squelettes de baleines, arbre généalogiques basé sur la Bible), une locomotive servant au transport de l’argent, des tableaux racontant l’histoire de la ville et de la montagne qui contient la mine (Cerro Rico), bref, vraiment intéressant. Il y avait plusieurs Français dans notre groupe, et aussi deux personnes de Montréal. Deux Français de Grenoble nous ont donné des tuyaux pour le Salar d’Uyuni, et ils nous ont assuré qu’il était impossible de faire le Sud Lipez sans GPS et sans jeep 4X4. Ils nous ont aussi mentionné que la température, la nuit, descendait à 20 degrés Centigrade sous zéro… Le couple de Montréal avaient fait le salar avec une agence, et ils ont eu plusieurs ennuis avec la voiture (crevaison, problèmes mécaniques, etc.) Ils avaient visités 12 agences avant de faire leur choix. Ils ont aussi rencontré un autre jeep dont le conducteur était ivre, et un des voyageurs a donc conduit pendant la majeure partie du trajet. Apparemment que 20 touristes sont morts l’an passé sur les routes d’Uyuni… Pas vraiment rassurant.. Nous sommes ensuite montés à la Torre de la Compana de Jésus, d’où nous avons admiré la ville. Aprés le dîner, nous avons marché à travers les rues coloniales. Nous voulions visiter la plus vielle église de la ville (catacombes) et grimper en haut des clochers. Nous avons dû attendre jusqu’à 2 heures 45, alors que les dépliants touristiques mentionnaient deux heures (la sieste est toujours honorée ici). La visite a duré une trentaine de minutes, et nous avons surtout apprécié de monter sur les toits. Nous nous sommes ensuite rendus vers 3 heures trente au couvent Santa Teresa, et nous avons vraiment aimé notre visite (beaucoup plus que le couvent Santa Catalina, Arequipa, Pérou). Notre guide était absolument excellente, elle comprenait quelques mots de français (le groupe était composé de Français, de Catalans, d’Allemands et de Mexicains), et elle nous a beaucoup fait rire. De jeunes Français de Stratsbourg ont vraiment mis du piquant à l’après-midi avec leurs commentaires parfois désopilants! Il était dix-sept heures trente lorsque nous avons terminé la visite, et nous nous sommes empressés de quitter Potosi, car nous étions absolument gelés (il n’y a aucun chauffage dans les musées ou les églises, et par une température de moins dix Celsius, ce n’est pas très chaud!) Nous nous sommes rendus, par une route de terre, au village de Manquiri, où se trouve un sanctuaire considéré comme un joyau de la Bolivie (environ trente cinq kilomètres de Potosi). Puis jeudi le 14 au matin, nous avons finalement pu parler au gardien du sanctuaire, qui nous a ouvert les portes. Ce sanctuaire blanc est abandonné, des excréments de pigeon longent le sol, et l’on a empilé les bancs au jubé. L’extérieur est donc plus impressionnant que l’intérieur... Nous nous sommes ensuite dirigés vers Sucre, une ville beaucoup moins haute et donc beaucoup moins froide que Potosi. Il y avait un bloquéo (manifestation bloquant la rue) dans la ville, alors nous avons choisi un stationnement qui n’est pas dans le centre, mais qui coûte seulement 4 bolivianos par nuit. Nous nous sommes rendus à pied dans le centre historique, histoire d’explorer un peu la ville, mais Pierre n’avait pas tellement le goût de visiter. Vendredi le 15 août, après avoir déjeûné, nous sommes partis visiter le musée religieux La Recoleta (première mission franciscaine), le mirador d’où on peu admirer la ville et les montagnes, le parc Bolivar et sa mini-tour Eiffel, la Rotonde, chapelle ronde construite sur les lieux d’une tentative d’assasinat sur les ordres du général survivant, la Cour Suprême, et les églises La Merced et San Felipe de Neri, où nous sommes montés sur les toits. Ces églises sont pleines d’histoire, et elles renferment des catacombes, des cryptes, des passages souterrains reliant les églises et la Préfecture (le siège du gouvernement). Aujourd’hui, des collèges privés ont remplacé les quartiers occupés jadis par les communautés religieuses, mais les jardins, les plazas, les tableaux et les oeuvres d’art de toutes occupent toujours une place importante… En soirée, nous avons assisté à deux spectacles donnés l’un par un chanteur-guitariste bolivien et l’autre par un groupe accompagné d’une chanteuse dotée d’une voix exceptionnelle pouvant couvrir plusieurs octaves. Samedi le 16 août, nous avons pris l’autobus pour visiter la Glorietta, à huit kilomètres de la ville. Nous aurions sans doute marché, mais comme les lieux ferment à midi le samedi, nous avons décidé d’opter pour la solution facile… Cet endroit était occupé par un prince bolivien avec son épouse. Comme ils ne pouvaient avoir d’enfant, ils en ont adopté 49! Le prince aimait beaucoup le style européen, alors il a fait construire des bâtiments rappelant la tour Eiffel, l’Arc de Triomphe, ainsi qu’un château d’inspiration Byzantine et Maure. Des lacs artificiels agrémentaient le paysage, ainsi que des rotondes disséminées ici et là sur l’immense terrain entourant ses propriétés. Ses écuries comportaient même des planchers de marbre! Après la Glorietta, nous sommes allés voir le Cimetière de Sucre, le plus important de Bolivie. À cet endroit sont enterrés plusieurs héros boliviens (la Guerre de Charcos, la Guerre du Pacifique, la Révolution contre les Espagnols et la Guerre Civile entre Sucre et La Paz ont fait couler beaucoup de sang!). Il y a aussi plusieurs tombes souterraines en ce lieu imposant, et définitivement beaucoup d’histoire… Dimanche le 17 août, nous avons décidé d’en profiter pour visiter la cathédrale et plusieurs églises qui sont ouvertes pour la messe dominicale. Nous ne sommes absolument pas très catholiques ni l’un ni l’autre, mais l’architecture imposante, les tableaux, l’or et les oeuvres d’art qu’on y retrouve sont définitivement intéressants. Et nous avons aussi passé plusieurs heures à la Casa Libertad, où fut signée la Déclaration d’Indépendance. Nous avons particulièrement apprécié connaître l’histoire des gens qui ont fait la Révolution et se sont battus contre les Espagnols. La Bolivie a eu sa part de présidents complètement loufoques: un certain personnage aurait même fait cadeau du Mato Grosso au Brésil pour un cheval blanc! Ce pays qui comportait autrefois plus de 3 millions de kilomètres n’en compte aujourd’hui qu’un million neuf cent mille! Nous avons dîné dans un restaurant chinois mais les plats ici sont sans doute accomodés au goût des locaux, et sont donc très différents de ce qu’on retrouve au Canada. Lundi le 18 nous avons visité le musée Guttérez-Valenzuela, un endroit rempli de pièces baroques italiennes et françaises. Les miroirs biseautés, les sculptures de marbre, les tableaux et les meubles d’époque donnent un cachet assez particulier à chacune des salles. Nous nous sommes aussi approvisionnés au marché d’alimentation, car nous prévoyions quitter le lendemain pour le Salar d’Uyuni. Malheuresement, en soirée, nous avons appris que mardi le 19 août, une autre manifestation bloquerait les routes, et qu’il serait impossible d’entrer ou de sortir de Sucre. Un touriste qui devait faire un trek ce jour-là était particulièrement déçu… Les manifestations ici sont monnaie courante, il y en a à peu près toutes les semaines. Quelquefois, elles durent plus d’une semaine. J’espère que ce bloquéo ne durera que vingt-quatre heures! En attendant, nous nous contenterons de lire nos bouquins. Notre réserve de propane est aujourd’hui épuisée; il n’est pas possible de se réapprovisionner ici en Bolivie, car incompatibilité des bouteilles et des adapteurs nord-américains… Il nous faudra donc attendre d’être entrés au Chili avant de pouvoir faire le plein de propane pour la cuisinière et le frigo. Lorsque nous serons en Argentine, nous essaierons de nous faire usiner un nouvel adapteur pour notre réservoir équatorien, il paraît que les tourneurs-fraiseurs du coin sont assez ingénieux. Et comme nous prévoyons passer quelques mois en Argentine, je pense que cette dépense se justifie… Nous regrettons de n’avoir pas vérifié cette question avant de partir, car il paraît qu’il est possible de se procurer aux États-Unis ou en Europe un adapteur universel pour le propane, mais qu’il est toutefois impossible d’importer ce genre d’appareil par la poste en Amérique du Sud. Mercredi le 20 août nous avons quitté Sucre, mais après 50 kilomètres, nous sommes arrivés à un bloquéo important: un camion avait déversé un chargement de pierres sur la route, et des arbres coupés jonchaient le sol… On nous a dit qu’il y avait trois autres bloquéos, et qu’il faudrait attendre. Nous sommes retournés à Sucre, et nous avons essayé d’obtenir des informations à la station de police. Ils nous ont suggéré de retourner dans l’après-midi, qu’il y aurait peut-être des développements quant aux négociations… Au terminus d’autobus, ils nous ont confirmé que toutes les routes menant à Sucre étaient bloquées: la route vers Tarabuco et Tarija, la route vers Oruro, la route vers Potosi, ainsi que la route vers Cochabamba et Santa Cruz. Il y a bien une terrible route de terre vers Oruro, mais on semble dire qu’elle est bloquée aussi. Il paraît que les manifestants sont assez agressifs, et que d’essayer de passer de nuit ne serait pas une solution. Jeudi matin, les nouvelles ne semblaient pas plus encourageantes, toutes les routes étaient encore bloquées… Quelle histoire, nous sommes pris dans cet engrenage, il n’y a pas grand-chose que nous puissions faire. En Bolivie, il semble que Sucre et Potosi soient les deux villes où les bloquéons sont les plus fréquents. Nous sommes aujourd’hui samedi le 23 août. Croisons les doigts que ce bloquéo ne durera pas une éternité!