09 janvier 2012

Vang Vieng

Nous sommes maintenant à Vang Vieng, une ville qui ne correspond en rien au Laos authentique, puisqu'elle a été envahie par les touristes. Des hordes de jeunes gens y viennent pour se procurer de la drogue et faire une descente de la rivière accrochés à un pneu en s'arrêtant à tous les bars-quais le long de la route pour une quinzaine de dollars. Je n'ose pas imaginer ce que les Laotiens doivent penser des étrangers...

La ville est jolie, entourée de massifs karstiques, ces montagnes aux formes incroyables, comme on en voit sur les peintures chinoises. La température est moins fraîche qu'à Phonsavan alors les nuits sont plus agréables (ils n'ont pas le chauffage central dans ce pays). Nous avons vu une multitude de jeunes touristes affalés devant des émissions de Friends à la télévision, et d'autres en costumes de bains vomissant dans les rues ou marchant d'un air hébété avec les yeux hagards, criant et riant. Les camions reviennent de la rivière avec des charges entières de tubes (gros pneus pour la baignade) et de jeunes touristes éméchés. Nous avons rencontré deux Québécois ayant des éraflures dans le dos (il y a des roches dans l'eau et le courant est rapide) et même au visage (un touriste allemand leur était rentré dedans). C'est la seule ville que j'ai vue comme cela depuis que nous voyageons!

Nous avons choisi un hôtel loin du centre pour éviter le bruit, et il s'agit vraiment d'un hôtel luxueux pour la ville (TKC View) avec une très grande chambre, des planchers de marbre, un balcon donnant sur la rivière et les montagnes, un lit extra confortable, un chandelier en cristal et la télévision avec 4 postes anglais. Curieusement, c'est sept dollars moins cher qu'à Phonsavan, sans doute parce qu'il n'y a pas autant d'hôtels à Phonsavan?

Nous avons visité la grotte Tha Phou Kham où se trouve un Bouddha couché (il y a aussi plusieurs stalactites et stalagmites) et nous nous sommes baignés au Lagon Bleu juste en bas. La montée était escarpée mais cela en valait la peine. Il faut marcher environ 6 kilomètres après avoir passé le pont à péage (6,000 kips par personne) au sud de la ville, et les frais d'entrée pour la grotte et pour le lagon sont de 10,000 kips par personne. Il y a quelques affiches de grottes indiquant Lagon Bleu écrites à la main, mais il faut continuer tout droit et ne prendre aucune bifurcation avant d'apercevoir les affiches imprimées. J'imagine que cela fait partie de l'esprit d'entreprise des Laotiens que d'utiliser des noms populaires d'attractions touristiques connues pour attirer les touristes, mais cela déçoit les gens puisque les autres caves sont tout à fait ordinaires et que les lagons ne sont que des trous d'eau verte... Les prix demandés sont aussi de dix mille kips, mais malheureusement lorsqu'on marche sous la chaleur, c'est surtout le kilomètrage supplémentaire qui est un inconvénient!

J'espère que tous les gens que j'aime se portent bien. Un bonjour spécial à mon fils Érick, qui est à Roberval présentement.

Plaine des Jarres




Nous avons visité hier la Plaine des Jarres, à huit heures de route de Luang Prabang, par une route sinueuse dans les montagnes. Nous avions choisi le mini-van plutôt que l'autobus, un peu plus cher mais apparemment plus confortable.

La Plaine des Jarres est au Laos ce que Stonehedge est à l'Angleterre, un ensemble de pierres disposées d'une façon particulière, dont la vocation n'est pas définitivement claire. Parmi les hypothèses émises sur l'origine des jarres, les plus communes sont qu'elles aient servi de sarcophages, de réserves pour entreposer le riz ou de cuves servant à la fermentation d'alcool de riz. Le grès dans lequel elles sont taillées provient de la chaîne de montagnes située entre Luang Prabang et Xieng Khuang. Les jarres sont directement taillées dans la pierre ; mais, fait étrange, on ne trouve pas la pierre dont sont faites les jarres à moins de 8 km du site... Apparemment qu'on se serait servi des éléphants pour les transporter. Si on estime que les jarres ont entre 2000 et 4000 ans, on imagine les difficultés rencontrées à l’époque pour amener ces énormes blocs de pierre jusqu’à leur lieu de résidence actuel, puisque certaines d'entre elles pèsent plus d'une demie-tonne.

Certaines légendes Laotiennes veulent qu’elles aient été taillées par de lointains ancêtres, pour qu’ils puissent y stocker de l’alcool de riz et de la nourriture. Une légende particulière explique qu’un roi, qui vivait au sixième siècle, célébra une victoire de guerre en buvant l’alcool contenu dans les jarres ; lui et ses généraux burent dans les plus grosses, en haut de la colline, tandis que les gens du peuple durent se contenter des jarres les plus petites.

Selon la plupart des théories tentant d’expliquer la présence des jarres, celles-ci seraient des urnes funéraires utilisées pour la noblesse. Sur le site ont été mis au jour des os humains, des outils en fer, des céramiques, des parures en bronze et d’autres objets qui laissent penser que la Plaine des Jarres serait bien un ancien site funéraire. La situation géographique du site appuie cette théorie. En effet, une croyance asiatique veut qu’un site funéraire soit installé dans un endroit où la vue est belle, et le site est placé sur une montagne qui domine tout le paysage alentour. Le guide m'a aussi expliqué que si l'on n'a pas retrouvé des ossements dans toutes les jarres, c'est qu'elles étaient utilisées alors que les cadavres étaient en état de décomposition, et qu'on enlevait éventuellement les os pour céder la place à d'autres morts. On a retrouvé des ossements près des jarres, ce qui appuie aussi cette théorie. Et j'imagine que puisqu'il n'y avait pas suffisamment de jarres pour tous les morts, cette solution était idéale!

Nous sommes au White Orchid Guest House, un hôtel un peu plus haut de gamme. Cependant, comme l'électricité repart et revient continuellement, il m'a été impossible de me connecter au Wi-Fi. Nous avions bien CNN, Fox et HBO à la télévision, mais c'était un peu frustrant d'avoir perdu l'électricité en plein milieu d'un film. Mais l'hôtel était très bien, avec un frigo, un lit King, et un bain (impossible d'avoir suffisamment d'eau pour le remplir par contre, pas plus d'un pouce ou deux).  Comme nous sommes chanceux de ne pas vivre dans un pays du Tiers Monde, je parle du Québec bien sûr!

Nous avons passé une soirée à la boutique MAG, à regarder les expositions et un film australien sur l'effort de déminage des bombes lancées par les soldats Américains lors de la "Guerre Secrète". Ils estiment qu'il leur faudra encore 100 ans pour se débarasser des "UXO", ou bombes non encore explosées. Une centaine de gens perdent un membre à chaque année, et un nombre indéterminé meurent à cause des bombes. Cela fait frémir. Le film s'appelle Bomb Harvest. Le Laos est extrêmement pauvre, mais curieusement, les hôtels et les restaurants pour étrangers sont plus dispendieux que ceux de la Malaisie, l'Indonésie et la Thaïlande...

Nous partons ce matin pour Vang Vieng, la ville des jeunes touristes qui font du tubing sur la rivière. J'ai bien hâte de voir à quoi ressemblent les villes très touristiques du Laos. Au plaisir!