01 juin 2008

Lambayeque, Kuélap, Cumbe Mayo, Cajamarca




Ce matin, dimanche le 25 mai, nous partons pour Lambayeque! Nous allons voir le musée Tumbas Reales del Senor de Sipan, un des plus beaux musées de l’Amérique selon nos livres de voyage. Et oui, nous qui ne raffolons pas des musées, nous devons admettre que celui-ci est superbe! En arrivant, nous observons un petit film fait par ordinateur qui recrée une cérémonie de l’époque des pyramides de Sipan. Sur différents étages sont exposés les bijoux, les poteries, les textiles et les différents objets retrouvés dans les caveaux funéraires. Les personnages importants étaient couverts de plusieurs couches d’armures et de bijoux d’or ciselé, d’argent, de turquoises, et de coquillages. Les orfèvres (ou métallurgistes?) de l’époque étaient très ingénieux. Les seigneurs étaient enterrés avec 7 autres personnes que l’on sacrifiait: l’épouse principale, trois autres jeunes femmes de moins de 20 ans, une sentinelle avec les pieds coupés pour symboliser l’immobillité dans la garde de la tombe, un chef guerrier, un lama, un chien et de nombreux vases de terre cuite contenant de la nourriture et des boissons. Nous avions vu tout cela sur le site original de Sipan, mais les nombreux trésors que l’on garde au musée sous température contrôlée, la musique, et surtout la pièce de résistance: les scènes de l’époque avec des figurines grandeur nature qui bougent comme s’il s’agissait d’acteurs, tout cela contribue à recréer la magie de cette civilisation du passé. Et nous avons aussi rencontré, en sortant, la famille Motte que nous avions déjà vue à Quito, cette famille française qui voyage en Amérique du Sud en camping-car avec trois enfants!

Ensuite, nous avons continué vers Tucumbe, et nous avons été un peu déçus car l’on ne nous a pas expliqué, au moment où nous avons acheté nos billets, qu’il était seulement possible de voir le mirador et que les 26 pyramides n’étaient pas accessibles en raison de fouilles archéologiques en cours. Nous nous sommes ensuite rendus jusqu’à Olmos, où nous avons campé au péage gardé par des policiers.

Lundi le 26 mai, nous avons commencé à avoir d’autres pépins avec un des tuyaux du radiateur: une fissure qui nous a fait perdre notre antigel. Sur la route de la Cordillère des Andes, les paysages sont superbes, mais les hauteurs vertigineuses ne sont pas faciles pour les véhicules automobiles! Pierre a rafistolé la fissure temporairement, et nous avons continué jusqu’à Pedro Ruiz, où nous nous sommes arrêtés à une magnifique chute pour nous baigner. La route de Chiclayo à Chachapoyas est une route de terre d’après les guides, mais entre Pedro Ruiz et Chachapoyas, nous avons eu la chance de conduire sur une nouvelle route asphaltée, ce auquel nous ne nous attendions pas. Vers 16 heures, nous sommes arrivés à un barrage, et nous avons appris que la route est fermée de 7 heures le matin à 7 heures du soir afin de permettre aux gens de la voirie de travailler en paix… Nous n’avions pas tellement d’autre choix que d’attendre patiemment. Nous avons fait la rencontre d’un couple d’Italiens, Eugenio et son épouse, qui se rendaient à Kuélap comme nous mais en autobus…

Nous avons donc effectué les 20 kilomètres pour nous rendre à Chachapoyas sur une affreuse route de terre très étroite (une seule voie), dans l’obscurité, avec des conducteurs roulant à toute vitesse autour de nous et dépassant à qui mieux mieux, un autobus qui bloquait la voie étroite aux autres automobilistes chaque fois qu’il débarquait des passagers… Nous nous sommes finalement arrêtés à une station-service accueillante, et le lendemain matin, nous en avons profité pour laver l’auto et pour faire réparer notre tuyau estropié. Puis nous nous sommes mis en route pour Kuélap, un site archéologique que l’on compare parfois au Machu Pichu. Nous avons rencontré en chemin nos deux Italiens qui en revenaient, et comme nous étions un peu tard en après-midi, nous avons décidé de camper au site archéologique et d’en faire la visite le lendemain.

Mercredi le 28 mai, nous nous sommes levés tôt pour explorer les ruines, et je dois dire que pour un site de cette envergure (trois fois plus de pierres que le site de la pyramide de Gizeh en Égypte), nous étions surpris d’être pratiquement seuls… Espérons que le gouvernement péruvien aura la vision nécessaire pour permettre un accès plus facile éventuellement!

La route de Tingo à Leymebamba était difficile (il pleut tous les jours ici), mais le musée en valait la peine. On a extirpé 219 momies de la Lagune des Condors (il faut faire 5 jours de mule pour se rendre à cet endroit), que l’on a exposées au musée. Curieusement, les fonds pour la construction du musée proviennent d’Autriche (un des archéologues ayant procédé aux fouilles est Autrichien), et le gouvernement péruvien n’a ingéré aucun sou pour contribuer à ce projet…

En fin de journée, nous nous sommes rendus compte que nous avions perdu l’écrou qui tenait en place l’amortisseur gauche arrière, et de plus les freins faisaient un bruit d’enfer… Nous avons donc rebroussé chemin, et essayé de trouver un garagiste à Leymebamba. Heureusement pour nous, même si sa boutique était fermée, Fernando a accepté de nous voir, et Pierre l’a éclairé avec notre lampe pendant qu’il usinait un écrou pour l’amortisseur. Pour les freins, impossible de trouver les plaquettes Volkswagen au Pérou, alors Fernando a déconnecté le frein droit avant afin d’éviter que le disque ne s’use davantage. Il nous a donné le nom d’un garagiste à Celendin, qui selon lui pourrait reconstruire les plaquettes en se servant de l’ancien modèle comme guide…

Jeudi le 29 mai, nous sommes partis de Leymebamba à 7 hres 20 du matin. La route monte pendant 32 kilomètres, et les pierres, les trous, les éboulements et la boue la rendent vraiment difficile. Elle est impracticable à la saison des pluies. L’Abra de Barro Negro (col de boue noire), se trouve à 3678 mètres d’altitude. Il faut ensuite descendre pendant 57 kilomètres, à travers de spectuculaires forêts de nuages, avant d’atteindre Balsas, un désert de pierres et de cactus. La route recommence ensuite à grimper jusqu’à des hauteurs vertigineuses (3078 mètres) et bien sûr les vues sont absolument fantastiques… Nous n’avions presque plus d’essence, et il n’y a aucune station-service entre Chachapoyas et Celendin. Nous étions très heureux d’arriver enfin à Celendin un peu avant quatorze heures, mais malheureusement le garagiste que l’on nous avait recommandé, Juan, ne pouvait réusiner nos freins… Pierre a fait tous les magasins de pièces pour revenir bredouille, et nous avons décidé de nous arrêter pour la journée… Espérons que nous aurons plus de chance à Cajamarca! Nous avons établi nos quartiers à une grande station-service retirée de la route, un endroit très calme où nous avons bien dormi.

Vendredi le 30 mai, nous avons continué vers Cajamarca, environ 118 kilomètres de route de terre. Après avoir essayé de trouver un garage pour reconstruire les freins (on nous avait recommandé Maestro Calla, mais comme notre véhicule est un Volkswagen, il ne pouvait nous aider), nous avons finalement déniché un garage Volkswagen, et le mécanicien nous a indiqué un endroit où ils pouvaient reconstruire les plaquettes, et lorsque nous les lui avons apportées, il a pu procéder à l’installation. Par contre, il nous a indiqué que les freins devraient être refaits après 4000 kilomètres, parce que ce ne sont pas les freins originaux! Nous essaierons donc de trouver des plaquettes de freins à Lima. Ensuite, nous sommes allés faire laver l’auto (après toutes ces routes de terre, elle en avait bien besoin), et nous sommes allés chercher de l’information sur Cajamarca au bureau de touristes. Vicky nous a donné des informations très pertinentes, et nous a conseillé d’aller dormir chez la famille Correa, à quelques vingt kilomètres de là. Nous avons fait notre marché, puis après quelques tentatives infructueuses, nous avons fini par trouver la propriété des Correa, une famille très sympathique. Ici, les gens portent tous des costumes traditionnels, les hommes ont des ponchos de laine et des chapeaux blancs, les femmes ont des chaussettes noires dépassant à peine les chevilles et des jupes jusqu’aux genoux, des blouses muticolores et des chapeaux de laine blanche avec la forme d’un chapeau de comboy.

Samedi le 31 mai, nous sommes partis tôt par une autre route de terre pour nous rendre aux Ventanillas de Cuyambo, des monuments funéraires taillés dans les montagnes. Les paysages étaient superbes, et encore une fois, nous sommes montés très haut. À chaque fois, nous nous disons que cette fois-ci sera la dernière, que nous ferons plus attention à notre véhicule en lui évitant les routes peu carossables, mais comme nous ne voulons rien manquer… Nous sommes ensuite revenus vers Cajamarca, car il y avait un festival de la pomme de terre que nous ne voulions pas manquer. Les femmes avaient cuisiné toutes sortes de plats avec des pommes de terre (il y avait même de la crème glacée et du yogourt aux patates!) et les danses costumées étaient très spéciales. Nous avons rencontré Pacifico, un professeur très gentil qui nous a offert sa maison pour une semaine ou deux en février prochain pour le Carnaval. Nous ne serons certainement pas au Pérou l’an prochain, mais nous lui avons laissé notre adresse courriel. Nous sommes ensuite montés au mirador Cerro Santa Apolonia, puis nous avons décidé de nous rendre à Cumbe Mayo, à quelques 20 kilomètres de Cajamarca, encore une autre route de terre plus ou moins facile car nous sommes montés à 3550 mètres. Nous ne voulions pas vraiment prendre de guide, mais nous avons finalement accepté et nous ne l’avons pas regretté, car nous aurions probablement manqué le tunnel secret, l’autel des sacrifices et quelques pétroglyphes… Cumbe Mayo est une région montagneuse sillonée sur neuf kilomètres de canaux pré-Inca d’environ 1,300 ans, creusés à travers la roche volcanique avec des pierres noires très dures (obsidiennes). On dit qu’il s’agit là de la construction humaine la plus ancienne de toute l’Amérique du Sud. Il y a aussi plusieurs silhouettes d’humains et d’animaux taillés dans les énormes rochers, et certains d’entre eux ressemblent à des menhirs. Il faut environ une heure trente pour compléter le trajet. Bref, il s’agit d’un lieu fascinant, et la magie et la beauté des lieux nous ont étonné. Nous avons même demandé la permission de camper sur le site… Je dirais que jusqu’ici,
Cumbe Mayo est l’endroit qui m’a le plus impressionné au Pérou!